Evaluation du risque chimique

Lorsqu’on entend risque chimique, nous avons tous en tête des images de pollutions des eaux liés aux déversements accidentels, ou encore des brulures corporelles au dernier degré liés aux accidents industriels… Il est très rare d’avoir des accidents de cette importance. Le vrai risque chimique est invisible et insidieux. Mal identifié, et surtout mal géré il peut se révéler beaucoup plus important que tout autre risque industriel tant à un niveau d’échelle, qu’à un niveau de gravité. En effet c’est bien souvent l’exposition à petites doses répétées dans le temps (exposition chronique) qui se révèle la plus désastreuse pour la santé humaine. Sans compter ces produits que l’on nomme persistants ou bio-accumulables qui peuvent se retrouver à des kilomètres de la source de contamination et qui peut toucher n’importe qui n’importe quand : le risque devient difficilement identifiable.

Quelques précisions

On entend par sécurité chimique deux principes essentiels :

  • Limiter au maximum (voir réduire à zéro) l’exposition des Hommes et de l’environnement aux produits chimiques nocifs à l’aide d’équipements et de méthodes adaptées,
  • Savoir agir, contenir au mieux et protéger lors d’une exposition accidentelle de l’Homme ou de la nature à ces produits chimiques.

La Gestion du risque chimique nécessite de la rigueur de la part de tous les acteurs de la chaîne :

  • Les dangers des produits doivent être connus et notifiés de manière claire pour tous les utilisateurs : Fiche de Sécurité (FDS) à jour dans la langue du pays et étiquettage conforme à la réglemention (classification et l’etiquetage  selon le réglement CLP)
  • Les équipement de protection individuels (EPI) doivent être portés et disponibles. Le personnel doit être sensibilisé (voire formé) et ne doit en aucun cas se soustraire aux règles de protection,
  • Le Document Unique regroupe toute les informations liés à tous les risques notamment le risque chimique avec tout la documentation nécessaire (FDS, Fiches d’exposition, suivi du personnel, conduite en cas d’accident,…)
  • Les informations essentielles et équipement adaptés aux produits manipulés en cas d’accident doivent être à la portée de l’utilisateur.

Ces quelques règles rigoureuses sont les bases d’une bonne maîtrise du risque chimique.

Maitriser le risque

La maîtrise du risque chimique est loin d’être, contrairement aux idées reçues, insurmontable et coûteuse: il suffit d’identifier, de rationaliser et d’appliquer.

Identifier

Un audit de risque chimique permet de recenser TOUS les produits chimiques présents sur site et d’en établir le cycle de vie (de l’entrée à la sortie, en passant par les méthodes de stockage et les conditions d’utilisation). Cet inventaire permet de mieux connaître les éventuelles failles spécifiques aux produits audités.

Rationaliser

Avoir une gestion rationalisée des produits à tous les niveaux (stockage, transition, utilisation, élimination) permet une meilleure maîtrise des risques identifiés au cours de la première étape. Cette rationalisation doit être accompagnée d’une transmission intégrale de l’information adaptée tout au long du cycle de vie du produit.

Appliquer

Se contraindre à quelques règles de sécurités adaptées aux produits (EPI, tenir le document unique à jour, campagnes de mesures éventuelles des taux de présence des produits sur des conditions sensibles,…) permet d’assurer une bonne maîtrise du risque chimique.

Et REACh dans tout ça ?

La Gestion du risque chimique est intégrée directement à REACh : le fabricant ou importateur (au sens de REACh) couvre certains types d’usages identifiés de la substance. Les scenarii d’exposition correspondant à cet usage sont intégrés à la FDS. L’utilisateur en aval de la substance quant à lui doit PROUVER qu’il maîtrise le risque chimique lié à cette substance et faire remonter toute information non spécifiée. En cas d’accident si cette maîtrise n’est pas prouvée, aucune responsabilité ne pourra être imputée au fabricant/importateur.

D’autre part, la FDS du produit doit suivre le produit tout au long de la chaîne, l’information est réglementée (notamment par le CLP) et se doit d’être claire, permanente et surtout à jour.

Enfin toute substance enregistrée est accompagnée d’un rapport sur la sécurité chimique du produit adaptée au tonnage notifiés : plus la quantité fabriquée (ou importée) est importante plus les informations de ce rapport devront être complètes. D’autant plus qu’une majeure partie des informations concernant la sécurité et la dangerosité seront accessibles à TOUS (y compris les consommateurs) sur le site de l’ECHA (Agence Européenne des Produits Chimiques).

La grande nouveauté de REACh est aussi ce principe d’échange des données : l’information devient donc accessible, communautaire et transparente pour tous.

En conclusion

Le vrai risque chimique est insidieux : invisible et insoupçonnable, ses effets peuvent être décalés dans le temps (cancers) et parfois sans liaisons avec ceux qui les utilisent (produits bio-accumulables). La règlementation claire et précise fixe des points d’ancrages pour une bonne maîtrise du risque chimique. Loin d’être couteux et insurmontable, il suffit d’un peu de rigueur et de se conformer à quelques règles essentielles afin d’être assurée d’une bonne maitrise du risque chimique en toute sérénité.

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